Meurtre avec préméditation

Publié le par librinfo

La famille Kadhafi veut porter plainte pour "crime de guerre"

 Le nouvel observateur / 26 octobre

 

La mort de Mouammar résulterait d'une "opération homicide programmée par l’Otan", selon l'avocat français des Kadhafi. C'est aussi ce que dit "Le Canard enchaîné".

 

http://www.hommepage.fr/photos/KADHAFI%2002.jpgLe clan Kadhafi, dispersé après la mort du leader libyen et son enterrement dans un lieu tenu secret, envisage de porter plainte contre l'Otan pour "crime de guerre" auprès de la Cour pénale internationale de La Haye, selon Europe 1, qui a rapporté l'information mercredi 26 octobre.

 

"Ce sont des hélicoptères de l’Otan qui ont tiré sur le convoi dans lequel il se trouvait. Ce convoi ne présentait aucun risque pour les populations. C’est donc une opération homicide programmée par l’Otan", a estimé l’avocat français des Kadhafi, Marcel Ceccaldi, sur l'antenne de la station.

 

Une version des faits que "Le Canard enchaîné" accrédite, dans son édition du mercredi 26 octobre. Un article intitulé "Kadhafi condamné à mort par Washington et Paris" montre que "Obama et Sarko ne voulaient pas qu'il s'en sorte vivant". Claude Angeli, qui signe cet article, raconte de manière documentée comment Américains et Français ont traqué le colonel libyen dans ce but et tiré sur le fameux convoi en connaissance de cause.

 

Côté américain, indique-t-il, un colonel du Pentagone avait téléphoné le 19 octobre à l'un de ses correspondants au sein des services français pour l'informer que Kadhafi était dans un quartier de la ville de Syrte et qu'il était désormais impossible de le "manquer". Avant d'ajouter que le laisser en vie ce serait le transformer en "véritable bombe atomique" en lui offrant, avec un procès, une tribune internationale qui aurait pu se révéler plus qu'embarrassante pour les Occidentaux.

 

"A la DGSE comme à la DRM [la Direction du renseignement militaire], on ne se [gênait] d'ailleurs pas pour évoquer l'"élimination physique" du chef libyen", écrit Claude Angeli.

 

Et de citer un diplomate français, pour lequel l'objectif de l'Otan ne faisait aucun doute : "La peine de mort n'était pas pérvue par les résolutions de l'Onu qui ont permis à l'Otan d'intervenir. Mais il ne faut pas jouer les hypocrites. A plusieurs reprises, les avions français et britanniques avaient déjà tenté de liquider Kadhafi en bombardant certains de ses repères".

 

Le 20 octobre, l'objectif poursuivi a donc été atteint : un drone américain Predator a tiré des roquettes sur le convoi et un Mirage 2000-D français, suivi d'un mirage F1CR de reconnaissance, a largué deux bombes GBU-12 de 225 kilos guidées par laser, écrit Claude Angeli. Blessé, Kadhafi sera lynché et exécuté par les combattants libyens.

 

 


Voici l'article du canard enchainé

 

 

 

Mercredi, 19 octobre en fin d’après-midi, un colonel du Pentagone téléphone à l’un de ses correspondants au sein du service secret français. Chargé du dossier « Kadhafi », l’une des priorités actuelles des généraux de l’équipe Obama, l’Américain annonce que le chef libyen, suivi à la trace par des drones Predator US, est pris au piège dans un quartier de Syrte et qu’il est désormais impossible de le « manquer ». Puis il ajoute que laisser ce type en vie le transformerait en « véritable bombe atomique ». Son interlocuteur comprend ainsi que la maison Blanche a rendu son verdict, et qu’il faut éviter de fournir à Kadhafi la tribune internationale que représenterait son éventuel procès.

 

Depuis quelques jours d’ailleurs, des commandos des forces spéciales américaines et françaises participaient ensemble à cette chasse au Kadhafi. À Paris, au Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), à la Direction du renseignement militaire (DRM) et au service action de la DGSE, plusieurs officiers évaluaient à une cinquantaine de membres du COS (Commandement des opérations spéciales) les militaires présents à Syrte.

 

Leur mission : porter assistance aux unités du CNT qui investissaient la ville, quartier par quartier, et, selon le jargon maison utilisé par un officier du CPCO, « ´´traiter´´ le guide libyen et les membres de sa famille ». Une formule codée en cours à la DGSE : « livrer le colis à Renard », et agir en sorte que Kadhafi n’échappe pas à ses poursuivants (une unité du CNT baptisé « Renard ?».

 

Hypocrisie internationale.

 

À l’Élysée, on savait depuis la mi-octobre que Kadhafi et l’un de ses fils s’étaient réfugié à Syrte, avec gardes corps et mercenaires. Et Sarko avait chargé le général Benoit Puga, son chef d’état-major particulier, de superviser la chasse à l’ancien dictateur. Ce qu’il a fait en relation avec la « Cuve », le bunker souterrain où des officiers du CPCO sont en contact permanent avec tous les militaires engagés à l’étranger et les services barbouzards. À la DGSE comme à la DRM on ne se gêne pas d’ailleurs pour évoquer l’ «élimination physique »du chef libyen, à la différence des formules bien plus convenables employées par l’Élysée, s’il faut en croire un conseiller du Président.

 

« La peine de mort n’était pas prévue dans les résolutions de l’ONU qui ont permis à l’OTAN d’intervenir, ironise un diplomate français. Mais il ne faut pas jouer les hypocrites. À plusieurs reprises, des avions français et britanniques avaient déjà tenté de liquider Kadhafi en bombardant certains de ses repaires, à Tripoli ou en détruisant notamment un de ses bureaux. » Et le même de signaler que, lors d’un procès devant la Cours pénale internationale, « ce nouvel ami de l’Occident aurait pu rappeler ses excellentes relations avec la CIA ou les services français, l’aide qu’il apportait aux amis africains de la France, et les contrats qu’il offrait aux uns et aux autres. Voire plus grave, sait-on jamais ? ».

 

Le 20 octobre à 8h 30 du matin, l’objectif allait être atteint. Trois avions de l’OTAN s’approchent de Syrte. Rien à voir avec une mission de reconnaissance effectuée par hasard : une colonne de 75 véhicules fuit la ville à vive allure. Un drone américain Predator tire des roquettes. Un mirage F1CR français de reconnaissance suit un Mirage 200-D qui large deux bombesGBU-12 de 225 kilos guidées au laser. Bilan : 21 véhicules détruit et Kadhafi seulement blessé.

 

Soupirs de satisfaction.

 

Des forces spéciales françaises sont alors présentes sur les lieux. L’histoire ne dit pas à quelle distance de ce qui va survenir, et que raconte avec abondance de détails un officier des services militaires de renseignements : « Il est capturé vivant par des combattants surexcités. La foule scande ῞Allah Akbarˮà pleine poumons, le menace de ses armes et se met à le tabasser pendant que d’autres combattants qui peinent à prendre le dessus, crient de le maintenir en vie ».

 

On connait la suite, quelques images de ce lynchage suivi d’une exécution par balles sont apparues sur les écrans de télévision et dans la presse écrite. Mais la disparition de Kadhafi n’est pas la fin de l’histoire car, en croire une analyse barbouzarde, « la Libye est entrée dans un no man’s land politique, une zone de turbulences imprévisibles. » Voilà qui devrait inquiéter ceux qui, dans plusieurs capitales occidentales et arabes, ont poussé des soupirs de satisfaction que Kadhafi ne serait jamais la vedette d’un procès international.

 


 A écouter :

 

Libye : ambassadeur Graeff sur Radio F. Culture 20-10-11

( ambassadeur de France à Tripoli de 1982 à 1985 )

 

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Partie II

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entretient avec un français d'origine libyenne

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Publié dans Libye

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